SITUATION À L’UNIVERSITÉ ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY: LE DOSSIER ‘’D’ACTES DE VIOLENCE’’ DEVANT LES TRIBUNAUX


‘’L’insécurité refait surface au sein de l’espace estudiantin et menace la sérénité ainsi retrouvée jusqu’ici’’. L’expression est lâchée par le secrétaire général du rectorat de l’Université de Niamey Mamane Hassan Abdo qui a cité les noms de quatre victimes dont un gardien séquestré, un autre gardien et deux étudiants passés à tabac. Lors de sa sortie télévisée, vendredi 14 mai dernier, le responsable du service du rectorat a parlé de «recrudescence des actes inacceptables de violence sur le campus universitaire»..

Il a pointé d’un doigt accusateur la Commission des affaires sociales et d’ordre (CASO), une sous structure de l’Union des Etudiants Nigériens à l’Université de Niamey (UENUN). «Ces actes de séquestration avec ou sans armes blanches sont perpétrés à des fréquences insoutenables par certains étudiants membres de la Commission des affaires sociales et de l’ordre, une structure d’épaulement des étudiants à l’Université de Niamey», a précisé M. Abdo. Pour justifier la mesure de sanction à l’encontre des responsables des actes de violence, il a ajouté que les victimes qui sont des étudiants et des agents du centre des oeuvres universitaires se sont plaintes par écrit auprès du Recteur. Ce qui a entraîné la convocation du conseil de discipline réuni, mardi 11 mai dernier, qui a entendu les victimes, les présumés auteurs identifiés et les témoins et a décidé, en dernier ressort, de l’exclusion définitive de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, de l’étudiant délégué général de la CASO, considéré comme l’auteur principal, actuellement gardé à la prison civile de Niamey. Jugée démesurée par les étudiants, la décision a suscité un tollé de la part de l’UENUN qui s’est insurgée contre la mesure. Là où le secrétaire général du rectorat parle de «sérénité menacée», le secrétaire général de l’UENUN, Djibril Anassa a estimé que la sérénité y est déjà sur le campus, rassurant ainsi que «tout va se dérouler normalement». Il a averti que l’UENUN va se donner les moyens d’aller vers les juridictions pour que la question soit tranchée véritablement et légalement.
Ce qui est sûr, l’affaire se trouve dans les mains de la justice. Il appartient aux juges de statuer sur le cas et de lire le droit. Face à la situation plus ou moins tendue sur le campus, le ministre des Enseignements secondaire et supérieur et de la recherche scientifique M. Mahaman Laouali Dan Dah a appelé les acteurs à la retenue, à l’effort pour sauver l’année scolaire et permettre la tenue normale des examens. «La situation au sein du campus universitaire est une situation de droit et elle va être gérée et est entrain d’être gérée comme telle», va préciser le ministre avant de poursuivre que «si nous voulons construire un pays fort et prospère, il faut que nous considérions que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres». Une enquête est ouverte pour situer les responsabilités dans la situation de violence qui prévaut sur le campus et le conseil de l’Université sera convoqué pour statuer sur le cas.
Par rapport à la situation, le secrétaire général de l’UENUN M. Anassa Djibrilla a indiqué que la structure estudiantine a déjà écrit une lettre pour demander des excuses auprès du gardien. Quant au second gardien malmené, les responsables de l’UENUN ont indiqué qu’il ne détenait aucune pièce attestant qu’il est bel et bien gardien au Centre des oeuvres universitaires. Toutefois, chose curieuse, l’UENUN n’a pas donné d’explications sur le cas des deux étudiants passés à tabac. L’insécurité vient s’ajouter aux autres préoccupations des étudiants, notamment la situation de 746 étudiants boursiers de l’ANAB qui n’arrive pas à être régularisée et le non versement intégral du fonds d’aide sociale octroyée aux non boursiers de l’UAM. Devant l’ampleur du problème, la commission nationale de dialogue social (CNDS) et d’autres personnes de bonne volonté, se sont engagées dans la recherche du retour de la sérénité perturbée.
Manifestement, le secrétaire général du rectorat n’a pas voulu aller trop loin dans la situation qui prévaut sur le campus universitaire. Outre les séquestrations, on parle même de cas de viol qui serait intervenu dans l’institution universitaire qui, en principe, doit être la vitrine en matière de l’éducation et de la simple morale.
                                                                                                            Écrit par Mamane Abdou (Roue de l’Histoire n° 508 du 19 mai 2010) 

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